« Espaces »

Elizabeth Couturier-Bardin

 » L’artiste a le courage et l’originalité de n’accorder que peu de place aux préoccupations autres qu’esthétiques. Ni Dieu ni Diable dans son œuvre! Ses façons d’aquarelliste et la délicatesse de son dessin sont évocatrices des planches naturalistes d’un temps ou la photographie n’existait pas. Elle illustre des facettes familières de notre monde, au travers de paysages limpides, habités d’élégantes silhouettes dont on se prend à penser qu’elles n’accrochent ni le plaisir, ni la douleur : on les voit belles, posées dans des halos de brumes tendres ou de lumières blanches, on les imagine vite détachées des lourds tracas de l’existence. Mais c’est bien un esprit logique qui guide l’artiste dans ses mises en page. Le procédé en contrepoint est toujours le même. Loin de tout effet dramatique, elle construit sans se lasser des ambiances neutralistes qui pourtant ne suscitent pas d’inquiétude. La narration est minimale, elle dépend des subtiles variétés de la composition, et surtout, elle dépend « naturellement » du décor qui, dans ses vagues de couleurs est la substance même de son inspiration et l’amorce même de notre rêverie. Cathy Doutreligne rend compte de manière personnelle et avec finesse, de l’individualisme de notre temps, de ses ballets d’indifférence,et de ses images, de lui-même, facilement idéalisées. »

 


« Plages Places Plaines »

Sophie Blanchat

 » Faisant suite à une série de natures mortes descriptives, véritables portraits par signes interposés, voilà un nouveau travail de Cathy Doutreligne : « Plages Places Plaines » suspendues dans un espace translucide et illimité, évoquant les différentes heures de la journée où mer, ciel et paysage se confondent, des petites silhouettes faites d’ombres et de couleurs organisent les toiles pour y créer des lignes de force, des motifs qui se répètent et ne se ressemblent jamais, comme des notes sur une gamme qui composent des mélodies toujours différentes.

A y regarder de plus près, ce sont bien des baigneurs, des estivants ou des passants seuls ou en grappes, qu’on regarde comme des insectes dans une nature immense, s’ignorant les uns des autres, mais réunis « comme un seul homme ».
On a pourtant envie de s’intéresser à chacun, d’aller scruter sa différence. Chaque tableau invite à un double regard. Près et loin.
On remarque avec plaisir que mouvements, attitudes, gestes sont justes, concis, mais ce qui semble intéresser l’artiste, c’est l’esthétique de cette situation et son enjeu pictural, la restitution de la richesse des contrastes lumineux à travers la variété des personnages. Chacun d’eux, à sa façon, troue et masque la lumière mais n’existe que nimbé par elle.

Avec cette nouvelle série, Cathy Doutreligne offre sa vision d’un même espace chaque fois différent, chaque fois réinventé.
C’est l’accumulation qui donne à voir. Le trait est net et la sensualité toujours présente. Il semble que chaque personnage ait une histoire mais que toutes ces petites histoires vont se dissoudre dans l’infini paysage. Car l’infiniment petit est infiniment grand. »

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